
Des enfants envoyés à plus de 40 minutes en bus de leur domicile familial pour se rendre au « Super – Cycle d’Orientation » : voici ce à quoi nous résistons.
L’avenir de vos enfants, cela vous intéresse ? À Genève, de plus en plus d’élèves sont orientés loin de chez eux, faute d’écoles secondaires suffisantes dans leur quartier. Résultat : des cycles d’orientation (CO) saturés, des pavillons précaires en guise de solution, des enfants ballottés comme des colis logistiques, des menaces sérieuses sur leur scolarité. Ceci n’est pas parole de sinistres pessimistes, toujours prêts à critiquer ou s’insurger. Le Cycle d’Orientation de Cayla offre un exemple, une projection. Ce cycle qui devait accueillir 700 élèves en accueille déjà 870. La suite ? plus de 1000 élèves, grâce au nouveau pavillon prévu sur sa pelouse. On densifie, mais sans moyens humains suffisants, sans renforcement des équipes, sans infrastructures sportives ou sociales adaptées. Pire encore, les agrandissements se font sur des terrains de sport ou dans des préaux, prévus pour une population scolaire de 700 jeunes. Ils sont voués à disparaitre sous l’accroissement du nombre d’écoliers, ce qui signifie à la fois plus d’enfants et moins d’espace par enfant. Cette réalité s’avance, masquée par des communications distantes et lacunaires, parfois pudiquement nommées « données internes » ou « non-publiques ». Ce n’est que lorsque tous les acteurs de l’école sont pénalisés qu’elle s’affiche comme une évidence. Un piège dans lequel nous ne devions pas tomber.
Au CO de Cayla, dans un contexte banal, fait de densification et de manque de structures, un départ de feu s’est produit dans les toilettes, une simple bêtise d’élèves. La réponse ? Une restriction de l’accès aux toilettes durant les heures de cours. En effet, plus les ensembles sont grands et peuplés, plus il faut de règlements, de procédures…et de personnes -manquantes dans le cas de Cayla- pour les faire appliquer. Le but de l’école, c’est l’instruction, et non la gestion des flux dans les latrines. C’est sur cette mission que le CO doit mettre son énergie et ses ressources et non sur la solution des problèmes auto-induits.
Avec l’APECO de Cayla, nous avons lancé une pétition (ici). Nous avons manifesté le 10 mai. Nous avons alerté les autorités, la presse, et nous voulons vous alerter sur cette situation qui touche tout le canton. Et nous continuerons. Nous croyons en une école de proximité, à taille humaine, pensée avec les quartiers, pour les élèves. Nous continuerons, car nous ne pouvons pas accepter qu’une telle « gestion » devienne la norme. Le CO est un lieu de transition décisif, où nos enfants construisent leur avenir. Personne ne peut prétendre lutter contre l’échec scolaire, la dégradation du climat social dans nos quartiers, tout en construisant de tels ensembles. Un environnement scolaire adapté, sûr, proche, avec un encadrement pensé, est-ce trop demander pour nos enfants et nos quartiers? Ou au contraire est-ce la seule proposition raisonnable ? Et cette raison, nous refusons de la voir sacrifiée sur l’autel de l’improvisation.
Ce que nous demandons est simple :
- des cycles d’orientation à taille humaine : 450-650 élèves maximum
- une planification scolaire anticipée et transparente, incluant des infrastuctures adaptées
- des cycles et écoles de proximité, pas des heures de transport : les familles doivent pouvoir rester impliquées dans l’école
- une écoute réelle des familles et des associations de parents.
Nous, parents, resterons mobilisés pour offrir à nos enfants une scolarité digne des défis qui les attendent et de notre projet de société : l’égalité des chances.
