Avant-projet d’atelier « Ados et argent : en parler absolument ! »

En quoi ce sujet nous paraît-il important ?
Au Cycle d’orientation (CO) des Colombières à Versoix la prestation de restauration sur place est inexistante ; ainsi, la majorité de ses 600+ élèves sont souvent amenés à devoir s’acheter le repas à l’extérieur. Ils/elles doivent ainsi gérer quotidiennement une certaine somme d’argent. Or, typiquement, l’éducation financière des jeunes est du ressort des parents.

Si l’éducation financière des jeunes se réalise moins par des mots que par l’exemple qui est donné par les proches[1], faire ses propres expériences reste une importante source d’apprentissage pour eux, notamment via l’apprentissage par l’argent de poche[2], puisque plus de 80% des adolescent∙e.s de 12 à 14 ans en reçoivent, selon une étude de Crédit Suisse, publiée en 2017.

En outre, avec la généralisation de l’économie digitale, on observe des inégalités de développement de compétences numériques en finances : les parents, par manque de compétences ou parce qu’il est plus difficile de contrôler ce qui se pratique sur la Toile, peuvent souvent se sentir dépassés[3], tandis que les ados vont plus facilement chercher l’information hors de la sphère familiale, auprès des sources peu fiables (l’esprit critique et les compétences en matière de recherche d’information jouant un rôle clé dans la prise de risques qu’ils/elles peuvent prendre.)

Par ailleurs, ce qu’est réellement inquiétant c’est le constat selon lequel 80% des personnes ont contracté leurs dettes avant l’âge de 25 ans, un élément important qui a conduit le conseil d’État genevois à élaborer une base légale pour lutter plus efficacement contre le surendettement[4] (constatant notamment le fait que le programme cantonal de lutte contre le surendettement (PCLS) ne touche pas suffisamment les jeunes). On voit bien qu’il est difficile de se débarrasser des mauvaises habitudes financières à l’adolescence ou à l’âge adulte si l’on ne s’est pas assez questionné sur son propre comportement dans des situations d’achat, sur ce qui est vraiment important pour soi dans la vie (par exemple le temps passé ensemble avec ses cher.e.s, les amitiés et la santé) pour que l’on puisse développer des modes de comportement responsables.  

Souhaitant mieux informer et permettre aux ados d’agir en connaissance de cause dès leur plus jeune âge, l’APECO vise à réaliser cet atelier en collaboration avec des professionnels de domaines de la finance, de l’éducation et de l’intervention communautaire, dans le domaine de la jeunesse.

Les objectifs de l’atelier :
1. Apprendre à faire son budget, le premier pas vers l’acquisition des notions financières de base  
2. Comprendre l’importance de vivre selon ses moyens (se fixer des limites) et d’avoir des objectifs d’épargne
3. Comprendre la différence entre besoins et désirs. Prendre conscience des dangers de la consommation sociale et du e-commerce

Ainsi, cet atelier ambitionne de permettre aux ados d’acquérir des notions de gestion budgétaire, d’adopter de bonnes habitudes (quant à une consommation réfléchie) et de poser les bases d’une approche responsable de l’argent.

What next?
Cet avant-projet vise à identifier les obstacles éventuels ainsi que les éléments facilitateurs à la concrétisation de l’atelier. C’est l’heure du brainstorming: n’hésitez pas, apeco.versoix@gmail.com


[1] Henchoz C., Poglia Mileti F. et Plomb F., 2014, « La socialisation économique en Suisse : récits rétrospectifs sur le rôle des parents et des enfants durant l’enfance et l’adolescence », Sociologie et Sociétés 46(2) : 279-299

[2] Credit Suisse | Étude: les Suisses et l’argent de poche. Comment les enfants apprennent à gérer leur argent, Michael Hermann, Lorenz Bosshardt, Mario Nowak, 2017

[3] Baudat S., Henchoz C., 2021, « L’argent en un clic : les jeunes Suisses inégaux devant leurs écrans », The Conversation

[4] Genève : un projet de loi contre le surendettement, 19 jan 2022