Appel aux Parents d’ado : trois manières de soutenir les élèves dans leur orientation scolaire et professionnelle

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Pour les adolescents tout juste sortis de l’école obligatoire, faire le choix d’une carrière professionnelle peut être une source d’angoisse. Les parents ont là un rôle primordial à jouer pour soutenir leurs enfants, souvent pas assez mis en lumière, assurent les spécialistes. Entretien avec Thomas Ehret, chef de centre régional à l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle (OCOSP) du canton de Vaud.

Faire un choix professionnel à la sortie de l’école obligatoire, c’est difficile pour les jeunes?

Thomas Ehret — C’est compliqué, car tôt pour faire un tel choix. Il existe heureusement une série de mesures pour les accompagner, notamment avec la mise en place de l’AMP (approche du monde professionnel, des cours dans le programme vaudois pour familiariser les jeunes au monde du travail, ndlr.), pour travailler, en 10e année, sur un choix professionnel et, en 11e, sur sa concrétisation. Réaliser un projet prend du temps, ce n’est pas simplement pointer du doigt un métier en disant voilà ce que je veux faire. Les jeunes ont besoin de périodes de réflexion, que l’AMP offre, couplée avec des conseillers en orientation qui interviennent durant ce processus pour les soutenir et les aiguiller. De retour à la maison, c’est aux parents de prendre la relève.

Ils ont donc un rôle à jouer dans ce processus?

Nous considérons que l’implication des parents est essentielle. Personnellement, à la fin de chaque entretien avec un jeune, je l’invite à reprendre les différentes pistes que nous avons abordées et à en discuter avec ses parents. Ce sont eux qui connaissent le mieux leurs enfants et qui peuvent les motiver et mettre en avant leurs atouts. En parler le soir permet aux jeunes de voir les choses autrement que durant un cours ou avec un conseiller en orientation.

Que peuvent concrètement faire les parents pour soutenir leurs jeunes?

Ils peuvent s’impliquer dans les démarches importantes pour faire un choix professionnel. Je prends l’exemple du stage, une étape déterminante. En sollicitant les proches, les connaissances ou les collègues, les parents peuvent aider leurs ados à trouver une place. Là où ils les soutiennent également, c’est par leur propre connaissance du monde du travail. Premièrement en relisant les postulations et en les exerçant aux entretiens d’embauche, mais aussi en partageant leurs expériences pour que les jeunes puissent mieux se représenter l’univers du travail.

N’y a-t-il pas un risque que la vision des parents soit obsolète par rapport à la réalité du monde professionnel?

Il est en effet possible qu’ils aient, par exemple, une vision de l’apprentissage qui date de deux générations en arrière, et qui ne serait donc plus d’actualité. Je me souviens d’une visite au Salon des métiers à Zurich en 2017 où Rudolf Strahm (politicien bernois socialiste, ndlr) présentait une conférence sur l’évolution de l’apprentissage. Il expliquait qu’à son époque, une fois cette étape terminée, les autres portes se fermaient et changer de métier n’était presque pas possible. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, grâce à la maturité professionnelle et à la passerelle Dubs permettant l’accès aux hautes écoles ou aux universités. L’apprentissage n’est plus du tout bloquant et, malheureusement, je constate que certains parents ne le savent pas. Le monde professionnel évolue. C’est pour cela qu’on essaie aussi de les toucher et de les informer, durant le Salon des métiers de Lausanne ou par des brochures notamment.

Ainsi, choisir un apprentissage ne signifie plus forcément choisir une carrière?

Exactement. Aujourd’hui, on dit qu’en moyenne on change cinq fois de métier. Dire à son enfant qu’il fait le choix d’une profession à vie serait lui mentir. Il est d’ailleurs même probable qu’il finisse par faire un métier qui n’existait pas encore au moment où il a commencé sa formation.

Finalement, quels conseils est-ce que vous donneriez aux parents dont les ados traversent cette situation?

Prenez du temps pour en discuter. J’insiste sur le fait qu’en tant que parents, vous avez un rôle fondamental pour aider et soutenir le choix de vos jeunes. Réfléchissez en termes de projet, pas simplement de métier. Quel est l’objectif de votre enfant et comment peut-il y arriver. S’il a des blocages ou des doutes, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec son conseiller en orientation, les parents sont les bienvenus aux entretiens. Les conseillers peuvent vous informer sur les prérequis, les différentes filières et les débouchés de chaque métier.